Certes, un vague sentiment de culpabilité envers la Nature, en particulier envers les animaux, a commencé à se manifester. Des sociétés de protection des animaux se sont apparues, l'amour pour eux a commencé à être encouragé même par la pédagogie scolaire, et une source d'amour aussi illustre que l'État a pris en charge la protection des espaces verts. Malheureusement, l’Etat n’agissait que par considération de bénéfices économiques. Quant à la protection des animaux, les philanthropes en ont tiré une rude leçon de la part des scientifiques naturalistes : après de vives discussions, la vivisection a pris la place de l'une des principales méthodes de la science. Se justifiant comme un bienfait pour l'humanité, cette honte de l'humanité s'est fermement établie dans les universités, les laboratoires et même dans l’école, la même école qui apprend les enfants à aimer les petits chats et les petits chiens. Quelle est l'attitude envers la Nature provenant de la vision du monde, qui pourrait former la base de l'enseignement de la Rose du Monde ? La question est très large ; cependant, il me semble qu'il n'est pas difficile de conclure quelle sera la caractéristique principale de cette attitude. Après tout, la perception de la Rose du Monde se distingue tout d'abord par la sensation de transparence de la couche physique, par l'expérience des couches transphysiques visibles à travers elle, par l'amour passionnée pour cette expérience et son éducation assidue. Cette sensation embrasse la sphère de la culture et de l'histoire – puis, elle est moulée dans un enseignement métahistorique ; elle se tourne vers le Soleil, vers la Lune, vers le ciel étoilé – et devient la base de l'enseignement universel - l'enseignement méta-évolutionnaire ; elle embrasse la nature terrestre pour trouver son expression dans l’enseignement sur les élémentaux. Ce dernier forme une branche de l'enseignement plus général – celui sur la structure de Chadanakar – l'enseignement transphysique. Peu importe à quel point les anciennes idées sur les élémentaux (esprits des éléments au sens le plus large) sont obscurcies par les impuretés secondaires provoquées par les limitations de l'imagination et de l'esprit humains, peu importe combien d'aberrations déforment les images des divinités naturelles dans les panthéons des religions polythéistes, à la base de ces croyances demeure la vérité. Certes, nous devrons explorer et vénérer les mondes des élémentaux d'une manière complètement différente de celle des peuples de l'antiquité. L'expérience des étapes ultérieures nous a enrichis, élargi nos connaissances et aiguisé notre pensée mystique. Voici les principales différences entre la foi d’aujourd’hui en les élémentaux et celle des anciens.
Les anciens anthropomorphisaient leurs idées sur les divinités d’éléments ; nous, on ne ressent plus le besoin de donner aux élémentaux une forme humanoïde.
Les anciens considéraient ces mondes comme quelque chose de donné et d'immuable une fois pour toutes ; nous, nous sommes conscients du fait de leur évolution, bien que non similaire à celle de notre monde organique, et nous nous efforcerons de comprendre ses chemins.
Les anciens pouvaient éprouver un lien avec certaines couches d'élémentaux, mais ils les différenciaient vaguement, et ils n'avaient même pas de suppositions sur les moyens de formation de ces monades. En fait, ils n'avaient pas une idée précise de la multiplicité de ces couches. Pour nous, la multiplicité et l'interconnexion de ces couches et les modes de formation des monades qui y habitent deviennent l'objet de la cognition transphysique.
Les anciens étaient incapables de se dresser un tableau général du cosmos planétaire ; nous, nous différencions chaque couche beaucoup plus clairement et l'incluons avec toutes ses caractéristiques spécifiques dans le panorama général de Chadanakar.
Les anciens ne pouvaient pas concilier la croyance en ces mondes avec la croyance en l’Unique ; pour nous, il n'y a aucune contradiction entre ces deux croyances.
Et il faut ajouter que les anciens voyaient leurs devoirs spirituels envers les élémentaux dans leur propitiation et leur louange – rien de plus ; alors que nous, nous chercherons à établir un lien avec eux dans la volonté de participer à leurs jeux et à leur créativité, en attirant leur participation bénéfique dans notre vie – les moyens comment le faire seront exposés dans les chapitres correspondants – et, enfin, dans notre propre aide aux élémentaux lumineux et dans le travail sur l'illumination des obscurs.
Une telle attitude envers la Nature combine la joie de vivre païenne, la spiritualité monothéiste et l'étendue des connaissances de l'ère scientifique, transformant tous ces éléments en une unité supérieure par sa propre expérience spirituelle d’une nouvelle religion qui émerge événtuellement. Il y a une idée fausse répandue selon laquelle toute vision religieuse du monde est hostile à la vie, car elle remplace toutes les valeurs de notre monde par celles d'autres mondes. Une telle généralisation n'est pas plus légitime que, par exemple, l'affirmation que l'art de la peinture éloigne du monde, en partant du principe qu'il s'agissait en partie de la peinture du Moyen Âge. Le credo religieux d'une certaine phase est hostile à la vie, et même alors seulement dans ses manifestations extrêmes. Mais l’attitude dont je parle ne nous éloigne pas du monde, mais nous apprend à l'aimer d’un amour ardent et désintéressé. Elle n'oppose pas les «autres mondes» à ce monde, mais les perçoit tous comme un tout magnifique, comme un collier sur la poitrine d’une Divinité. Aimons-nous moins la lampe en cristal juste parce qu'elle est transparente ? Allons-nous aimer moins notre monde parce que d'autres se montrent à travers lui ? Pour une personne qui pense ainsi, cette vie est bonne, ainsi que la mort n'est peut-être pas un ennemi, mais un bon conseiller, si la vie vécue dignement sur terre prédétermine la transition vers d'autres formes de mondes pas moins, mais encore plus éclatantes, riches et belles. Mais par quel moyen, comment une personne parvient-elle à avoir cette perception transparente du monde ? Vient-elle indépendamment de nos efforts de volonté, comme un heureux cadeau du destin, ou peut-elle être consciemment développée par nous en nous-mêmes et en générations entières ? Alors que les efforts combinés de nombreuses personnes ne sont pas encore dirigés vers une telle éducation, jusque-là, la joie de la perception transparente du monde reste, en effet, la grâce de Dieu et nous dépensons à peine de l'énergie pour l'obtenir. C’est uniquement grâce au long travail de nos amis invisibles, les amis du cœur, porteurs de la Volonté Providentielle, que les organes d'une telle perception se révèlent chez quelqu'un d’entre nous, et le plus souvent, beaucoup plus souvent, ils ne s'ouvrent qu’à une fente étroite, de temps en temps se refermant à nouveau. Mais même cette fente est déjà suffisante pour que le monde physique lui montre sa transparence, et pour que celui qui en est heureux ressemble à un aveugle qui retrouve sa vue. Il n'est guère possible de générer ce processus de manière totalement arbitraire – chez soi ou chez un autre –, du moins maintenant. Mais il est possible de travailler dans ce sens pour que ce travail en chacun de nous ou de nos enfants se rapproche de celui des forces Providentielles ; pour que, dans les couches psychophysiques, une sorte de tunnel puisse percer des deux côtés simultanément : du nôtre – et du côté d’amis de notre cœur. La tâche colossale d'une telle pédagogie ne peut désormais être prévue que comme l'une des tâches de la future ère culturelle. Un énorme travail anticipatif est nécessaire pour étudier et systématiser l'expérience. J'y reviendrai plus en détail dans l'une des dernières parties du livre. Maintenant, je ne fournirai que quelques informations nécessaires concernant deux ou trois variantes possibles de cette méthode. Ces variantes peuvent, bien entendu, être combinées avec d’autres, non précisées ici, et s'entraider entre elles. Il y a une condition préalable : sans elle, aucun effort dans ce sens n'aura abouti à quoi que ce soit. C'est la détermination de la personne de chercher la transparence de ce flacon en cristal que nous appelons la Nature. Cela signifie que ce processus est accessible soit à ceux qui admettent eux-mêmes la possibilité de l'existence des mondes des élémentaux (sans cela, on peut souhaiter non pas la transparence de la couche physique, mais au contraire, pour qu'il n'en sorte rien, pour que mon scepticisme scientifique triomphe), soit aux enfants, si cette confiance aux élémentaux et l'amour de la Nature sont encouragés par les grands dès le plus jeune âge. Il va sans dire que celui, qui nie dès le début l'existence de ces mondes, ne perdra pas de temps et d'énergie sur de telles expériences. Et même si, à titre expérimental, il décidait de faire quelques efforts, il n'aurait rien obtenu, car sa propre méfiance s'étendrait constamment aux résultats obtenus, il attribuerait ces résultats à l'auto-hypnose ou à quelque chose du genre. Un pas en avant – un pas en arrière. Une bousculade au même endroit. Ainsi, si la condition interne requise est présente, il faut veiller à créer les conditions externes nécessaires. Comme vous pouvez supposer, il s’agit de telles périodes (un mois et demi ou deux par an) où l’homme moderne, se libérant du travail pour son pain quotidien, peut se permettre de se retirer dans la nature. Je pense qu'en été les conditions sont plus favorables, car c'est en été, lorsque le soleil est très haut et avec le développement de la végétation et l'exposition de la surface de la terre et des espaces aquatiques, que l'activité des élémentaux se multiplie plusieurs fois en raison de la participation de leurs nouvelles couches. Sans parler du fait que c'est généralement en été que les citadins partent en vacances, c'est-à-dire qu'au moins pendant un mois, ils ont l'occasion de communiquer avec la nature. Bien que, je dois dire franchement, vous n'irez pas loin en un mois, et il est complètement inutile de faire de telles tentatives pendant deux semaines de vacances. Je ferai également une réserve sur le fait que la nature hivernale est individuellement plus proche de certains d’entre nous, et dans de tels cas, bien sûr, cette prédisposition doit être prise en compte. Peut-être que quelqu'un attend de moi des instructions précises, à quelle heure se lever et se coucher, ou quelles règles à respecter le long de la journée. Je préférerais éviter ces recommandations superficielles. Quel est l’objectif ? Il s'agit de s’introduire le plus profondément possible dans la Nature, dans la vie des éléments, et, de plus, s’introduire non pas en tant qu’un destructeur ou un enquêteur curieux, mais comme un fils qui retourne chez son père après de nombreuses années d'errance dans un pays étranger. Pour atteindre cet objectif, différents individus auront besoin des conditions différentes. Je voudrais uniquement raconter quelles conditions m'ont aidé, à moi personnellement. Choisissant pour cette période, comme on dit maintenant, "une base" dans un endroit beau et, bien sûr, peu fréquenté, il faut avant tout éviter de polluer l'âme et le mental avec tous les petits soucis quotidiens. Vous avez besoin d’affaiblir le lien avec la grande ville, d’utiliser moins souvent la radio et essayer de vous passer de journaux autant que possible, si le monde, bien sûr, n’est pas dans un état de déséquilibre extrêmement alarmant. Il est nécessaire de vous simplifier la vie, d’alléger, si possible, les vêtements et d'oublier complètement l'existence des chaussures. Baignades deux ou trois fois par jour dans la rivière, le lac ou dans la mer, à un endroit où vous pourrez rester tête-à-tête avec la Nature pendant un moment. Il faut lire uniquement des livres qui contribueraient à une humeur paisible et bienveillante et aideraient parfois les pensées à se familiariser aux profondeurs de la Nature ; la lecture des sciences naturelles ne peut pas être utile ces jours-là, car elle produit complètement un autre effet, les sciences exactes et la technologie vous écarteront de l’objectif d’autant plus. Préférez plutôt une bonne poésie, quelques classiques de la fiction : Tourgueniev, Dickens, Erckmann-Chatrian, Tagore (mais, bien sûr, évitez ceux comme Stendhal, Zola, Swift ou Chtchedrine). Il est bon de relire en ce moment les classiques de la littérature jeunesse, tels que «Tom Sawyer» ou «Les enfants du capitaine Grant», et la littérature sur les enfants. Et puis, la communication, les jeux et les conversations fréquents avec les enfants pendant ce temps ne peuvent que contribuer à la cause. Il se peut, que je vais en effrayer certains avec cette directive, mais malheureusement, elle est absolument ferme : réduire au minimum la consommation de la viande et du poisson et éviter le vin. Enfin, l'exigence totalement inconditionnelle : il ne doit y avoir aucune idée de chasse ou de pêche. Dans cette atmosphère commençaient mes voyages : je ne peux pas les appeler «promenades» ni «visites». C'étaient les sorties de toute la journée, de l'aube au crépuscule, ou de trois ou quatre jours avec des nuitées – les errances dans les forêts, sur les routes de la campagne et les sentiers des champs, à travers les prairies, les villages, les fermes, à travers de lents transferts fluviaux, accompagnées des rencontres occasionnelles et des conversations informelles, avec des soirées – tantôt près du feu au-dessus de la rivière, tantôt dans une clairière, tantôt dans une botte de foin ou quelque part dans une grange paysanne. J'évitais vigoureusement la proximité des voitures, des conversations et la littérature aux sujets techniques, sauf que parfois j’utilisais un transport mécanique. Puis, le retour à ma «base» isolée, quelques jours de repos et d’écoute des cris des coqs, de bruissement des arbres et des voix des gamins et des habitants, la lecture des livres apaisants, profonds et fréquents – et un autre départ pour le même vagabondage. Ce style de vie peut parfois rendre perplexe et provoquer des plaisanteries : il ne faut pas compter sur la compréhension des gens, d’autant plus, que les personnes engagés aux travaux ruraux même auront tendance à voir un tel excentrique comme un flemmard flânant : pour la plupart des paysans, il n’y a encore que leur propre travail qui est considéré comme occupation. Cela ne doit pas vous gêner. Il faut être capable d’ignorer l'opinion d’autrui, si vous ressentez que vous êtes dans le vrai. Mais toutes ces directives ne concernent que l'extérieur. Vous pouvez errer dans les forêts et dans les champs tout l'été jusqu'à l'épuisement, et revenir avec rien. Les conditions extérieures doivent être complétées par certains efforts du mental et du ressenti. De quoi s’agit-il ? Il s’agit d’apprendre pas à pas à percevoir le bruit de l'océan forestier, le balancement des herbes, le flux des nuages et des rivières, toutes les voix et tous les mouvements du monde visible comme quelque chose de vivant, profondément conscient et amical envers vous. Il y aura un sentiment qui s'intensifiera progressivement couvrant toutes les nuits et tous les jours ; il règnera invariablement sur les autres pensées et sentiments : comme si, penchant en arrière, on baissait la tête de plus en plus bas, dans la profondeur scintillante de la lumière silencieuse – la profondeur éternelle, aimante et chérie. Le sentiment de joie claire, de repos sage absorbera la moindre touche de vanité ; il est bon ces jours-là de se trouver au bord d’une rivière, oubliant le cours du temps, et de regarder, sans but, l'eau fraîche scintiller au soleil. Ou, couché quelque part au milieu d'une vieille forêt de pins, écouter le bruit d'orgue des sommets et le tapotement d'un pic. Il faut être confiant que les élémentaux de la Liurne se réjouissent déjà de votre présence et parleront à votre corps dès qu'il s'enfoncera dans leur chair fluide ; que les élémentaux de la Faltore ou de l'Arachamphe vous chantent déjà leurs chansons avec un feuillage bruissant, avec des abeilles bourdonnantes et des brises d'air chaud. Lorsque vous rentrez chez vous après une longue balade le long des prairies, sentant le foin fraîchement coupé, grimpant dans l'air chaud des collines et descendant dans les vallées fraîches, et un brouillard paisible commence à inonder tout autour sauf le haut des meules de foin, il est bon d'enlever sa chemise et de laisser son corps échauffé caresser du brouillard par ceux qui le créent sur les prairies à moitié endormies. Je pourrais tracer des centaines d’autres minutes – du bain de soleil sur le sable à la cueillette des baies – les mi-actions, mi-contemplations – mais ceux qui empruntent ce chemin léger et lumineux, les reconnaîtront même sans directives. Après tout, un tel mode de vie est possible non seulement en Russie centrale, mais aussi dans le paysage naturel de tout autre pays, de la Norvège à l'Éthiopie, du Portugal aux Philippines et à l'Argentine. Par la suite, seuls les détails seront différents, mais ils peuvent également varier dans le même paysage selon des aptitudes de la personne. L'essentiel est de créer cette lumière et cette légèreté à l’intérieur de vous-même et de répéter ces périodes, si possible, chaque année. – C’est ridicule, pourraient penser certains. – Comme si nous ne disposons pas assez de données pour savoir pourquoi et comment apparaissent les brouillards, le vent, la rosée ? Comment se forment la pluie, les rivières, la végétation ? Et ces salades sont présentées avec un air sérieux au milieu du 20e siècle ! Ce n'est pas pour rien que l'auteur laisse entendre qu'il lui est plus facile de s’entendre avec les enfants : ça ne va pas pour une personne mature de gober de telles fables. Ils se trompent, ces absolutistes de la méthode scientifique de la cognition : il n'y a pas ici la moindre contradiction avec la science. Je souligne : avec la science objective et raisonnable, et non avec une doctrine philosophique du matérialisme. Puisque, s'il y avait une créature microscopique rationnelle qui étudiait mon corps et y pénétrait elle-même, elle aurait raison de dire, au moment où j'ai bougé ma main, que ce gros bloc de substance, constitué de telles ou telles molécules, avait bougé parce que certaines de ses parties – les muscles – s’étaient contractées. Quant aux muscles, ils se sont contractés à cause de certaine réaction produite aux centres moteurs, et la réaction était provoquée par telle ou telle cause de nature chimique. C'est tout ! Aussi clair que le jour. Et, bien sûr, un tel interprète serait indigné d’apprendre que le «gros bloc» bougeait parce que tel était le désir de son propriétaire, un désir libre et conscient ; quant aux muscles, les nerfs, les processus chimiques et le reste – ce ne sont que les instruments de transmission de sa volonté. Ces instruments sont l’objet d’étude de la physiologie. Cela n'empêche pas l'existence de la psychologie – la science sur la conscience qui utilise ces instruments. La météorologie, l'aérodynamique, l'hydrologie et un certain nombre d'autres sciences étudient les éléments de la nature en tant qu’instruments. Cela ne devrait pas être et ne sera pas un obstacle pour l'émergence plus tard de l’enseignement sur les élémentaux et sur les consciences qui utilisent ces instruments.