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Le fait de représenter Grozny (Ivan le Terrible – N.d.T.) assassiner son fils, par Repine, serra un tel nœud, que Repine n’a pu dénouer jusqu’à présent ; il doit le faire actuellement dans le Droukkarg où se trouve Grozny en tant que prisonnier et esclave. Le Droukkarg est un chrastre de l’anti-humanité Russe, il est opposé au Kremlin Céleste. 

Ivan le Terrible et son fils le 16 novembre 1581, I. Repine 1885, Gallerie de Trétyakov, Moscou
Ivan le Terrible et son fils le 16 novembre 1581, I. Repine 1885, Gallerie de Trétyakov, Moscou
          Pis encore avec le Démon terrassé de Vroubel – le cas unique, frappant et  le plus stupéfiant de l’infra-portrait luciférien. Pour dénouer ce nœud, Vroubel était forcé de descendre dans la Gachcharve chez les anges des ténèbres. C’est terrible à prononcer, mais il serait peut-être mieux, malgré le génie de cet œuvre, qu’il soit plutôt péri dans Enrof.
          L’art paysagiste, malgré son importance colossale culturelle et psychologique, acquiert très rarement la valeur transphysique. Cela se passe, lorsqu’un artiste arrive à communiquer au spectateur sa sensation des mondes subtils des élémentaux, qui traversent la nature d’Enrof, ou bien, par la combinaison particulière des lignes et des couleurs, il arrive à donner l’idée des panoramas d’une autre couche. Personnellement, je pense que parmi les artistes russes, c’était Rœrich qui y arrivait au mieux, et des fois Tchurlionis, un artiste très controversé, ou plutôt abjuré et même abandonné.
          En ce qui concerne la littérature, derrière la majorité écrasante de ses personnages il n’y a aucun méta-prototype. A part quelques exceptions, toute fiction de l’époque soviétique en est privée. Il ne peut pas avoir de méta-prototypes derrière les personnages du genre historique, tels que Boris de Pouchkine ou César de Shakespeare. Mais Macbeth en a un, car ce n’est pas de l’histoire. Grosso modo, la présence d’un méta-prototype dans un ouvrage implique un écart important d’une réalité historique dans le sens de la profondeur particulière du personnage et de sa proportion qui  ne correspond pas au prototype historique. Ce n’est pas le cas ni dans le drame de Pouchkine, ni dans  Jules César de Shakespeare : la preuve en est l’absence de profondeur métahistorique dans ces œuvres. 
          Après la mort de l’artiste créateur dans Enrof, les méta-prototypes de ses œuvres le voient dans le Jéram, le rencontrent et lui parlent, car le karma de la créativité artistique les attire vers lui. De nombreux, très nombreux génies des arts sont obligés dans leur chemin posthume d’aider les méta-prototypes de leurs personnages dans leur ascendance. Dostoïevski passa une énorme quantité de temps et d’efforts pour élever ses méta-prototypes, parce que le suicide de Stavroguine et de Svidrigaïlov, lui dicté dans le processus créatif et méta-magique, avait jeté l’ancêtre de Stavroguine et celui de Svidrigaïlov dans l’Ourme. A présent, tous les personnages sont élevés par Dostoïevski : Svidrigailov – dans la Kartiale. Ivan Karamazov et Smerdyakov ont atteint le Maguirne, l’un des mondes du Haut Devoir. Il s’y trouve aussi Sobakévitch, Tchitchikov et d’autres personnages de Gogol (roman-poème Les Âmes mortes – N.d.T.), Pierre Bézoukhov, Andrei Bolkonski, princesse Marya et Natacha Rostova, levée de l’Ourme avec les difficultés particulières de Tolstoï (roman épique La guerre et la paix – N.d.T.). Marguerite de Goethe demeure déjà dans une des couches supérieures de Chadanakar, Don Quichotte entra dans le Synclite du Monde il y a longtemps, et Faust ne tardera plus à en faire partie, lui aussi.
          Profitant de l’occasion, je voudrais toucher quelques mots sur l’importance transphysique du théâtre. L’attitude négative envers cet art de la part de la religiosité chrétienne était causée du fait que les chrétiens Antiques et Médiévaux avec, si l’on peut dire, une sorte d’intuition religieuse, ressentaient le voisinage de l’art scénique et de l’ancien orgiasme
[1], qui est relié en partie à Lilith, en partie au monde beaucoup plus ténébreux : ce monde au nom de Douggour sera exposé plus en détail quelques pages plus loin. Le Douggour est lié avec la sphère sexuelle de l’humanité, et bien qu’au Moyen Âge, ce monde n’était pas clairement perçu, on éprouvait devant ses émanations sataniques la peur, le dégoût et la honte. Quant à la représentation théâtrale dans le sens propre, elle peut varier énormément et même avoir le sens transphysique opposé. Chaliapine avait profondément raison, lorsqu’il priait et jeûnait après avoir joué Méphisto. La pièce La vie de l’homme[2] était  nocive et pour l’auteur, et pour les interprètes, et pour les spectateurs, car elle est dénuée de ce que les anciens auraient appelé catharsis. Par contre, toute action scénique qui fait passer l’acteur et le spectateur à travers la catharsis – ascension spirituelle et illumination, même momentanée –, est profondément justifiée. En ce qui concerne les méta-prototypes, les spectacles d’Enrof les influencent de cette manière : tant que Smerdiakov restait dans l’Ourme, jeté là-bas par l’impact magique et créatif de Dostoïevski, le fait de jouer son rôle sur la scène des humains l’alourdissait, l’entravait et le torturait ; à présent – c’est pour lui sans incidence. Jouer des rôles lumineux ou des rôles conduisant par la catharsis est toujours bénéfique pour tout le monde y compris les méta-prototypes.
          Sur la sakouale de daïmons, mon exposé quitte pour le moment les mondes quadridimensionnels et devant nous s’ouvre une couche solitaire à cinq dimensions, qui ne fait partie d’aucune sakouale : son nom est Fongarande.
          Il est nécessaire de faire un avertissement ici : nous arrivons aux concepts très singuliers. Car la Fongarande est une couche où demeurent les chèltes des grandes œuvres d’architecture. Là-bas, ils ont une capacité de mouvement et de croissance ; leur changement est dans leur perfection. Leur apparence est proche à celle des élémentaux illuminés, sauf que leur structure n’est pas coulante et n’a pas de capacité d’interpénétration physique. Il faut comprendre que lorsque les architectes ingénieux, dont l’intuition capte les lueurs de la Fongarande, créent leurs reflets dans Enrof, ils obtiennent un corps éthérique : à l’intérieur du contenant physique du bâtiment, ce corps se fait créer à partir des rayonnements perpétuels des milliers et des millions d’humains. Si le temps est suffisant, et un tel corps peut se former, la destruction du contenant physique dans Enrof n’aura plus de sens transphysique : le chèlte qui demeurait dans la Fongarande sera recouvert du corps éthérique et passera dans un des zatomis. Après le changement d’éons et de périodes mondiales, lorsque les zatomis auront cessé d’exister, les chèltes de ces monades avec leurs habillements complètement métamorphosés rejoindront leurs monades dans une des couches du Haut Devoir et, par la suite, ils entreront dans l’Elite de Chadanakar.
          Ce sont principalement les créations de type temple et palais qui demeurent dans la Fongarande. Il existe, par exemple, un prototype grandiose des monastères orthodoxes, un prototype des pyramides d’Egypte, celui des ziggurats, des gopurams de l’Inde du Sud, des abbayes catholiques, des châteaux du Rhin. Mais certaines constructions individuelles peuvent avoir leurs propres chèlte dans la Fongarande, par exemple, la Cathédrale Saint-Pierre, la Cathédrale Saint-Basile, le Temple du Ciel en Chine, même le Château de Versailles et le Palais de Tsarskoïé Sélo
[3]. Il y a aussi un chèlte du Parlement de Londres et celui de l’Amirauté de Saint-Pétersbourg.
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[1]  (Antiquité) Célébration des mystères, des orgies – N.d.T.
[2] Un drame philosophique de Léonid Andreïev (1907) – N.d.T. 
[3] Ou village de Pouchkine, le Palais Impérial situé à 25 km de Saint-Pétersbourg – N.d.T.
Un Gopuram de l'Inde du Sud
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