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          Après les idées aussi étranges pour nous, comme l’univers de la Fongarande, les idées liées aux sakouales des anges nous paraîtront, probablement, familières et même habituelles. Il en existe deux. La première, inférieure, consiste de deux couches ; elle s’appelle les anges du cercle inférieur.  En fait, c’est la toute première, chronologiquement, humanité de Chadanakar, qui habitait les couches de matérialité plus dense, mais pas dans Enrof ; leur ère précédait l’époque des titans. Nous ne sommes pas en mesure de comprendre et d’intégrer la nature de leur vie actuelle dans les mondes illuminés, mais nous pouvons saisir un aspect de leur activité, qui a un rapport direct avec nous. La première de ces couches est habitée par les chérubins, les gardiens des humains porteurs des missions de la lumière. Ce sont leurs gardiens, et non pas les inspirateurs – les daïmons ! Dès notre enfance, on entend parler des anges gardiens, et ce n’est pas de notre faute d’avoir pensé qu’un tel ange se trouvait derrière l’épaule droite de chacun des vivants. Mais leur apparence est en effet telle qu’elle est décrite par la tradition, et le panorama de leur monde est un milieu des couleurs exquises, non perçues par notre œil, qui vaguement rappellent les couleurs rose et lilas.           
          La deuxième couche – un environnement blanc doré transpercé de faisceaux de lumière – appartient aux séraphins, les gardiens de certaines confréries humaines : des églises, des communautés religieuses, de certaines associations éthiques et certaines villes très peu nombreuses – notamment de celles dont l’intégrité spirituelle et la pureté morale sont particulièrement importantes aux yeux des principes Providentiels. Il existe des époques où les gardes de séraphins encerclent une commune, parce qu’il y arrive tel ou tel événement métahistorique où se déroule un certain processus transphysique nécessitant une assistance ou une protection particulière. Après son accomplissement, lorsque les époques changent, les gardes de séraphins se retirent. C’était le cas au-dessus de Kiev sous le règne du prince Vladimir le Sacré, au-dessus de Moscou sous le règne du prince Daniel et d’Ivan Kalita[1], à plusieurs reprises au-dessus de Jérusalem, de Rome et de beaucoup d’autres villes. Un cas rare, où les gardes de séraphins ne quittent la ville pendant de nombreux siècles, présente Bénarès, une ville d’importance colossale pour la métahistoire. Certes, du point de vue du Christianisme étroitement confessionnel, les annonces de ce genre ne peuvent susciter que de la perplexité. En apparence, les séraphins sont semblables aux anges à six ailes.
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[1] Ivan Kalita (1325 – 1340), le fils du prince Daniel. Il s’agit de l’époque de la Grand-Duché de Moscou, Etat féodal russe médiéval, entre 1330 et 1480 – N.d.T. 
Bénarès (Inde). Sur son parcours vers l’océan, en direction de l’est, le Gange dévie brièvement vers le nord. Bénarès, ou Varanasi, s’est construite au niveau de cette boucle, sur la rive ouest du fleuve. À Bénarès, la mort fait partie de la vie. C’est une des villes les plus saintes de l’Inde et sans conteste la cité de Shiva. (N.d.T.)

La sakouale se termine par le monde de ce qu’on appelle les Trônes, dont l’apparence est similaire avec notre idée des archanges, leur lieu d’habitation est bleu-vert imprégné des faisceaux de lumière miroitants. Les Trônes sont les gardiens des nations. Ils sont nombreux : la formation spirituelle de chaque nation est protégée par une multitude de ces créatures éblouissantes.

En passant vers la deuxième sakouale – les Anges du Cercle Supérieur – je suis incapable de faciliter sa compréhension même par les images visuelles si pauvres comme dans la précédente. Ce que je peux dire, c’est que ce sont les demeures des hiérarchies de la lumière d’une puissance inouïe, de ceux qui créent la matérialité des couches à trois, à quatre et à cinq dimensions de Chadanakar.

Les premiers sont les Astraux, connus dans le mysticisme chrétien sous le nom des Autorités : ce sont les créateurs de la matérialité d’Enrof. Ensuite, ce sont les Forces, les créateurs de la matérialité de la sakouale des daïmons et les Dominants, les créateurs de la matérialité des mondes de la Lumière (à part l’Olirne). La sakouale des Anges du Cercle Supérieur est couronnée par le monde des Principes, qui créent la matérialité des zatomis, et par les Archanges – les mêmes que deviennent après leur transforme les sirines, les alconostes et les gamayounes du Paradis, de l’Eden, du Montsalvage, de la Junfléia et de la Russie Céleste – de tous les zatomis des métacultures chrétiennes. Ils forment la matérialité des mondes du Haut Devoir. Quant à la matérialité propre des mondes des anges, ainsi que celle des couches supérieurs de Chadanakar, elle se fait créer par les hiérarchies de la métabramphature.

Je sais que l’information exposée ici ne correspond pas du tout aux traditions de l’angélologie chrétienne, malgré les noms communs. J’en suis navré. Mais je n’invente rien et je ne peux pas y mettre les modifications, tant que la Voix unique, à qui je fais la confiance absolue, ne me l’indique.

Nous sommes arrivés à la présentation de la sakouale du Haut Devoir. Ces mondes sont communs et pour les humains, et pour les anges, et pour les daïmons, et pour les élémentaux et même pour les animaux illuminés. Ils planent haut au-dessus de divisions segmentées de Chadanakar qui s’appellent métacultures. Il est évident que mes informations les concernant sont pauvres pour ne pas dire misérables.

Je ne suis même pas sûr du nom du premier d’entre eux – il ressemble à Usnorme, mais je n’arrive pas à l’ouïr plus nettement. La rotation de la planète autour de son axe se manifeste ici aussi, et, apparemment, il était nuit alors, car je me rappelle vaguement d’une nébuleuse resplendissante bondée d’une somptuosité inconcevable, comme si on avait ouvert, pour que je puisse voir, pour la première fois, le cœur créatif de notre univers. C’était Astrafaér, le centre fondamental de notre Galaxie caché de nous dans Enrof par les nuages noirs de la matière cosmique.

J’ai vu aussi un éparpillement d’étoiles innombrables, mais pas comme nous les voyons : ce n’était pas les étoiles, mais les bramphatures. Non pas les points lumineux, mais les systèmes de sphères concentriques translucides rayonnantes l’une à travers l’autre, et lorsque mon regard se fixait sur l’une d’entre elles, elle devenait énorme et distincte, comme si elle s’était approchée ; à présent, il me semble qu’elles tournaient toutes lentement, la multitude de leurs voix sonores résonnant harmonieusement en écho. Mais il se peut que ce ne soit qu’une impression qui m’est venue des légendes humaines plus tard, comme la suite de mes idées sur l’harmonie de sphères. En tout cas, ces harmonies se manifestaient à travers les vagues du chœur inimaginable qui carillonnait ici, autour de moi, et ces vagues s’élevaient d’une profondeur et jusqu’à une telle hauteur que je n’arrivais ni à comprendre, ni à les mesurer par mon regard. Ceci est un souvenir d’une couche présentant un temple universel destiné à glorifier éternellement Dieu par l’humanité.

Oh, et non seulement par l’humanité ! Ici étaient présents, il me semble, des millions d’êtres et, apparemment, la plupart d’eux n’ont jamais été humains et ne devraient pas le devenir. Il y avait les âmes illuminées d’élémentaux et les celles d’animaux, ainsi que les merveilleux daïmons et les anges de toutes sortes de cercles. Lorsque nous lisons dans l’Apocalypse la prophétie sur les animaux à esprit élevé entourant l’autel dans l’au-delà et faisant la messe, cela peut être un symbole, mais aussi une allusion à la réalité – la réalité qui n’existait pas encore à l’époque de son auteur. Parce que l’Usnorme, en tant que temple universel, est la réalisation du plan du grand esprit-homme dont la dernière incarnation sur Terre était apôtre Jean le Théologien.

Et s’il y a des millions de fidèles qui prient là-haut, ceux qui se trouvent face à l’autel du Temple s’énumèrent en milliers, car chacun, ayant atteint la sakouale du Haut Devoir, se retrouve  dans l’Usnorme d’abord parmi ceux devant l’autel, et ensuite il est remplacé par le suivant.

Les messes les plus transcendantes, les plus sublimes dans les temples des religions suprêmes ne sont que des faibles reflets, que des échos de la liturgie éternelle de l’Usnorme. Oui, cette liturgie s’effectue avec des mots, mais la langue du Synclite du Monde n’est pas reproductible sur notre plan. Les mots dans cette langue ne sont pas simplement des sons isolés, mais plutôt des accords sémantiques, dont certains d’entre eux apparaissent en même temps comme les éclairs et les transfusions de lumière. Cette liturgie contient un élément de mouvement, c’est un prototype céleste de la dance sacrée, mais puisque dans l’Usnorme il y a cinq dimensions, le mouvement se fait non sur un plan horizontal, comme chez nous, mais dans toutes les cinq dimensions de l’espace. Il y a d’autres éléments qui participent à la liturgie : ce sont la lumière et la couleur, mais il n’y a aucune possibilité de donner l’idée des couleurs qui se trouvent au-delà du spectre perçu par notre œil. Que peut-on dire des symphonies de la lumière devant lesquelles même l’illumination du Faér devient monotone et fade ? Que peut-on dire des senteurs célestes ? Des encens de l’Usnorme, qui s’élèvent des encensoirs gigantesques flottants et oscillants pour monter jusqu’à l’Astrafaér même ?... C’est le premier monde où un ascendant perçoit les émanations purement spirituelles, et non matérielles : elles proviennent des plus hautes sphères transcosmiques  que l’on pourrait appeler empirée, si l’on utilise cet ancien mot pour désigner non pas « un monde imaginaire des astres immobiles », mais une demeure de l’Esprit pur enveloppant le cosmos, une demeure de l’esprit de la Sainte Trinité.

Les mondes du Haut Devoir sont les points d’arrêt entre les zatomis, la Kartiale des daïmons  et la Hanguille des animaux illuminés d’un côté, et les mondes des Transmythes Supérieures des Religions Suprêmes de l’autre. Au-dessus de l’Usnorme se trouve la Gridrouttva – ce palais blanc où se fait concevoir le grand plan créatif de l’humanité. Après, se suivent : l’Alicande comparable à un cœur d’une fleur, la Tovia comparable à l’écume, au givre, au jardin blanc, à la neige tombante, et la Reau – les énormes cristaux chantants : leurs échos sont les plus belles compositions de musique dans Enrof, en Olirne, chez les daïmons et même dans les zatomis. Ces trois couches sont les demeures des monades humaines réunies avec leurs âmes levées.

Ressemblant à des profondeurs des mers ensoleillées, la couche de Maguirne est une demeure de monades des méta-prototypes qui se sont réunies avec leurs chèltes et leurs apparences astrales métamorphosées. Dans le Kaérmis que l’on peut définir comme « les sphinx désillusionnés », ce sont les monades des animaux qui se réunissent avec leurs âmes levées, dans le Déitraste, ce sont les monades des daïmons, et dans la Sirbane – dont je ne peux dire rien d’autre, à part ce que c’est un incroyable chœur de jubilation – ce sont les monades des anges. Le Flaüros, l’allusion auquel peut nous suggérer le mot « proéminences », est habité par les monades des élémentaux. La sakouale du monde du Haut Devoir comprend aussi le Niatos : c’est un mont violet où les monades de nos anciens ennemis – des démons tournés vers la Lumière – se réunissent avec leurs chèltes. Je mentionnais un esprit démoniaque puissant, un grand « dragon » de la culture Protomongol : jeté par Gagtoungre dans une des couches épouvantables, portant un surnom de la Pluie de l’Angoisse Eternelle, il fut retiré de là-bas par les éléments Providentiels il y a longtemps, et à présent, il brille dans le monde du mont violet comme l’un de ses plus beaux luminaires.

Et, si je comprends bien, le colossal et magnifique Irolne juste en partie appartient à cette sakouale : ce sont les monades des humains avant leur union avec leurs âmes levées. Ceci est le premier monde où descend l’esprit personnel de chacun lorsqu’il entre dans Chadanakar du sein du Père. Il ressemble à un flux et une rotation d’une multitude de soleils. Et à présent, il me semble qu’il a six dimensions spatiales au lieu de cinq, et le fait de l’inclure dans la sakouale du Haut Devoir est mon erreur, le fruit de l’aberration.

Plus haut dans la hiérarchie de Chadanakar se trouve, l’une après l’autre, les sakouales des involtations cosmiques. Qu’est-ce que cela signifie ? Dans l’histoire de Chadanakar, qui dure des millions d’années, il y avait et il y a toujours des influences actives d’autres bramphatures : soit plus puissantes que la nôtre, soit nous dépassant dans leur développement, soit, enfin, commensurables avec la nôtre dans leur ampleur et leur degré d’ascension, mais se trouvant dans l’espace non pas très loin de nous et, par conséquent, communiquant avec Chadanakar. La matérialité des mondes des involtations était créée par les forces de la lumière d’autres bramphatures ; ils sont habités par des êtres plus élevés qui surmontent les espaces cosmiques sans difficultés : ce sont les étrangers venus d’autres bramphatures, les grands collaborateurs et les amis des forces illuminées de Chadanakar.

En ce qui concerne certaines sakouales d’involtations, je ne peux en dire littéralement rien, à part citer quelques noms. Ainsi, par exemple, il existe la sakouale d’involtations d’Orion. Orion est un système de bramphatures d’une force gigantesque qui s’est libéré complètement des éléments démoniaques ; il joue un rôle colossal dans la vie de la Galaxie. Certes, la liste des noms de dix couches, qui comportent cette sakouale, ne peut évoquer rien chez le lecteur par sa pauvreté, sauf une frustration. Mais je ne sais pas, il se peut qu’un jour, même ces noms seront utiles : la Youmaroille, l’Odguiane, le Ramne, la Voilera, la Lyguée, la Fianne, l’Eramo, le Véatnor, la Zaolithe, le Natholys




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