Les prochains candidats à la voie du développement accéléré seront probablement le chat, l’éléphant, l’ours et peut-être certaines espèces de rongeurs. Le cheval, qui est très avancé mentalement, et qui présente éthiquement des avantages incontestables sur le chat et même le chien, possède malheureusement une propriété qui l'empêche de s'engager rapidement dans cette voie : les sabots. La même chose s'applique aux cerfs et aux buffles. L'éléphant, qui possède un étonnant organe de préhension, possède une autre propriété inhibitrice : sa taille, qui nécessite une énorme quantité de nourriture. Il est possible, cependant, que la science trouve des moyens de réduire sa taille et d'éliminer ainsi le principal obstacle à son développement mental rapide. On peut supposer que le charme extraordinaire de l'éléphant ne diminuera pas si, possédant le don de la parole, il ne dépassait pas la taille d'un éléphanteau actuel.
Ainsi, après une certaine période, la Rose du Monde pourra réaliser le second groupe de mesures :
1. Interdiction de tuer des animaux à des fins de recherche industrielle ou scientifique.
2. Limitation drastique de leur abattage à des fins alimentaires.
3. L'attribution de vastes réserves dans tous les pays pour permettre aux animaux non encore domestiqués de vivre dans des conditions naturelles.
4. Libre existence – tant dans la nature que dans les agglomérations – d'espèces anciennement domestiquées et nouvellement apprivoisées.
5. Planification du travail des institutions zoopédagogiques à l'échelle mondiale, transfert de ce travail à un niveau supérieur, étude des problèmes liés à la parole chez les animaux supérieurs.
6. Étude particulièrement soignée des problèmes liés à l'affaiblissement du principe prédateur chez les animaux.
C'est ainsi que se développera ce travail créatif d'amélioration des animaux - un travail désintéressé, inspiré non pas par nos intérêts matériels étroits, mais par un sentiment de culpabilité et un sentiment d'amour. Un amour grandissant et trop vaste pour se limiter à l’humanité. L'amour, qui saura résoudre des problèmes qui semblent aujourd’hui insolubles. Par exemple : où vivront tous ces animaux si l’homme arrête leurs massacres en masse ? Ce qui est arrivé aux lapins en Australie, où, en se multipliant en nombre exorbitant, ils sont devenus une plaie pour l'agriculture, ne se reproduira-t-il pas à l'échelle mondiale ? Quoique, ces craintes s’apparentent au malthusianisme appliqué au monde animal. Aujourd’hui, bien entendu, il est impossible de prédire les mesures que nos descendants trouveront et mettront en œuvre à cet égard. Le pire semble l’instauration d’un certain quota : le dépasser obligera la société de la fin du XXIe siècle à recourir à une limitation artificielle de la natalité des animaux. Cependant, il est probable que cette question soit résolue différemment – d’une manière impossible à prévoir au niveau moderne des sciences naturelles, de la technologie, de l’économie et de l’éthique. Mais même si un quota est établi, ce serait quand même un mal infiniment moindre que ce qui se passe actuellement. La quantité de souffrance apportée par une personne diminuera énormément, et c'est précisément la tâche à accomplir.
En conséquence, cela ne contribuera qu’au bien, ou au « prem sagar », comme disent les hindous : à l’océan de l’amour. Un lion couché à côté d’un agneau ou mené par un enfant n’est en aucun cas une utopie. Cela arrivera. Telle est la providence des grands prophètes qui connaissaient le cœur de l'humanité. Les descendants des lièvres et des tapirs, des léopards et des écureuils, des ours et des corbeaux, des girafes et des lézards n’habiteront plus dans des enclos où des réserves naturelles, mais simplement dans nos villes, parcs, bosquets, prairies, sans craindre l'homme, mais en le caressant et en jouant avec lui, en travaillant ensemble avec lui pour améliorer l'environnement naturel et culturel et pour son propre développement. L’abondance des ressources de la vie au cours du prochain siècle atteindra des proportions qui semblent presque incroyables, et nourrir ces créatures douces, paisibles, affectueuses et très intelligentes ne posera aucun problème. Et nos prochaines générations vont apprendre, avec frisson, qu'il n'y a pas si longtemps, l'homme non seulement mangeait les cadavres des animaux qu'il tuait, mais prenait également plaisir à les traquer ignoblement pour les abattre de sang-froid.
Fin du Livre 5
Traduit du russe par Marina HYJEK, mars 2024
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VOICI QUELQUES EXEMPLES D'AMITIÉ INCROYABLE
ENTRE LES HOMMES ET LES ANIMAUX SAUVAGES
La famille Giustozzi (Italie) et Pascaline : Kevin Richardson (zoologiste sud-africain) : Shaun Ellis (Angleterre) et ses loups : Mark Dumas (Canada) et sa « grande ourse » Agee : D'autres exemples :